OL - RC LENS : LE NAUFRAGE LYONNAIS EN LIGUE 1, OU LA SYMBOLIQUE DE TROIS FOLIES SPORTIVES
Au Parc OL, l'ambiance n'est plus à l'excitation de la Ligue des Champions. La perspective de batailler en Ligue Conférence avec des clubs comme Djurgardens, le Legia Varsovie, le NK Celje ou Jagiellonia Bialystok (tous quarts-de-finalistes de cette C4 en 2025) n'enthousiasme guère les supporters. Et pourtant, ces affiches sont désormais bien plus probables à Lyon qu’un retour dans la prestigieuse Ligue des Champions, cinq ans après le doux intermède du Final 8 à Lisbonne.
La faute à une défaite inattendue (1-2) face à un RC Lens (8e) pourtant leader du ventre mou en Ligue 1 et a priori démobilisé après la claque reçue la semaine passée (0-4 contre Auxerre). L'OL est tombé dans le piège et se retrouve 7e, décroché (à quatre points de Monaco et Marseille, à trois de Nice et Strasbourg) au pire des moments, à seulement deux journées de la fin d'une saison palpitante pour la course à l'Europe.
« Il y a énormément de déception, c’est un vrai coup dur », concède Moussa Niakhaté. « On avait pour objectif de faire trois victoires en trois matchs et on n’imaginait pas ce scénario. Il y a une certitude : on n’a plus notre destin entre nos mains. Mais il y a de l’espoir. On y croit et on va continuer d’y croire jusqu’au bout. » Georges Mikautadze a lui aussi tenté de se convaincre que « tout est encore jouable ». Mais ce match symbolise surtout, en trois points clés, la spirale de défaite qui frappe l'OL, compromettant pour la sixième saison consécutive cette C1 devenue vitale, sportivement et (surtout) économiquement.
Une statistique ahurissante
Jorge Maciel, entraîneur adjoint d'un Paulo Fonseca suspendu, l'a vite flairé sur beIN SPORTS : « On est arrivé un nombre incalculable de fois dans la surface adverse ». Opta a rapidement confirmé la folie des chiffres : l’OL a pulvérisé un record en touchant 75 ballons (SOIXANTE-QUINZE !) dans la surface adverse. C'est le total le plus élevé pour une équipe en Ligue 1 depuis que la société de statistiques collecte ces données (saison 2006-2007).
Même le PSG version QSI, avec sa domination outrageuse sur le championnat, n’avait pas signé pareille "prouesse". 75 ballons dans la surface pour seulement un but tardif (Mikautadze à la 79e) et 4 tirs cadrés sur 18. Comment est-ce possible avec des talents comme Mikautadze, Cherki, Fofana, Almada et Tolisso ?
« Finalement il ne s’y passait pas grand-chose dans la surface, concède Jorge Maciel. Quand on veut changer le match, on prend parfois trop l’initiative individuelle, et on tombe dans de l’individualisme dans le dernier tiers du terrain. On n’a pas eu de si grosses occasions que ça et on n’a pas été assez lucides. » Un regret légitime et une impuissance criante après cette 10e défaite en Ligue 1 (trois de plus que Nice, Strasbourg et Lille).
« Ça a été compliqué face à ce bloc bas, note Georges Mikautadze. On récupérait les ballons assez haut (68,5 % de possession et 637 passes à 302 ce dimanche) mais c’était difficile de se trouver. » Moussa Niakhaté ajoute : « Les Lensois ont fait des sauvetages, leur gardien a fait des arrêts. On n’a pas du tout négligé cette équipe mais on a buté sur cette défense et on a énormément manqué de réalisme. Si on refait ce match neuf fois, on le gagne neuf fois. Il y avait toujours un pied lensois qui traînait… » À l'image de Facundo Medina, héroïque à deux reprises devant sa ligne face à Corentin Tolisso (41e et 75e). Quand la chance ne veut pas sourire…
Un but invraisemblable
Jonathan Rowe (Marseille) et Anass Zaroury (Lens) partagent un point commun : celui d'être des attaquants ayant traversé leur première saison en Ligue 1 de manière quasi anonyme (respectivement 3 buts et 1 but en 26 matchs). Mais surtout, ils ont tous deux réalisé le même coup d'éclat pour glacer le Parc OL : un "golazo" en pleine lucarne depuis 25 mètres côté gauche.
Au micro de beIN SPORTS, le Marocain de 24 ans du RC Lens, jusqu’alors muet en L1, glissait en riant : « C’est une technique de frappe que j’ai su montrer à l’entraînement jusqu’à présent, et je suis très content que ça sorte maintenant en match ». Ce but fatal (1-2, 85e) a achevé un OL déjà abattu, comme il l’avait été par Rowe et l’OM en septembre (2-3, 90e+5).
Si Moussa Niakhaté évoque avec fatalité un but « venu d’ailleurs, exceptionnel », Georges Mikautadze ne cache pas ses regrets : « On prend deux buts qu’on peut éviter, surtout le deuxième où on ne sort pas dessus. Il est tout seul pendant cinq ou dix secondes et il a le temps de préparer sa frappe ». L’OL est ainsi devenu expert dans l'art du recul, que ce soit face à Bruno Fernandes, Casemiro, Lucas Stassin ou désormais Anass Zaroury.
Une main controversée
Pour compléter le tableau de la malchance qui s'abat depuis trois semaines sur l'OL, il faut reconnaître que les décisions arbitrales leur sont actuellement défavorables. Ainsley Maitland-Niles (45e+2, léger accrochage de Mendy) et surtout Rayan Cherki (76e, mini obstruction d'El Aynaoui) ont sans doute eu le tort de trop tenter de provoquer un penalty ce dimanche.
Cependant, une situation bien plus litigieuse a eu lieu en première période. Alors que Nemanja Matic armait une frappe, celle-ci a été freinée par Juma Bah… de la main gauche (42e). Le défenseur lensois s’est certes jeté et a légèrement touché le ballon du pied avant, mais la position de son bras, guère naturelle, et la trajectoire totalement altérée du ballon auraient pu pousser Jérémy Stinat et ses assistants VAR à accorder le penalty que tout le stade réclamait.
Embourbés dans une vilaine passe en ce money time de la saison, les hommes de Paulo Fonseca semblent avoir perdu toute "mojo" vis-à-vis du corps arbitral. De l'expulsion de Tolisso à Old Trafford à ce non-penalty contre Bah qui affole les réseaux sociaux, en passant par la non-exclusion lunaire de Stassin dans le derby, rien ne va en leur faveur.